La flétrissure

EMMY HENNINGS

Après la dissolution de sa troupe de théâtre, la jeune Dagny (alter-ego de Hennings) se retrouve à Cologne, une ville qu’elle ne connait pas, seule, sans le sou, ni aucune perspective d’avenir. Elle y croise par hasard un ancien ami comédien, devenu souteneur, qui l’introduit dans un « café » de la ville. Pour Dagny, artiste idéaliste, naïve et pétrie de religiosité, c’est le début d’une plongée brutale dans un monde dominé par les hommes, où tout s’offre et se paie, à commencer par le corps des femmes.

Publié en 1920, La flétrissure a récemment été réédité en Allemagne, où il a aussitôt acquis le statut de classique. D’une modernité folle, il décrit avec précision la vie des prostituées et des comédiennes au début du 20e siècle. Mais c’est aussi le cri d’angoisse, de colère et d’amour d’Emmy Hennings, une artiste et une personnalité hors de commun, égérie de l’expressionnisme et fondatrice du mouvement dada, qui finira mystique, ermite et oubliée dans un village des Alpes.

Après Prison, que nous faisons reparaitre en poche, nous poursuivons notre entreprise de redécouverte de cette voix majeure du 20e siècle.

Roman traduit de l'allemand par Sacha Zilberfarb

Illustration de couverture : Rebecka Tollens

216 pages - 215 x 140 mm - 19,70€

PARUTION : 2 février 2024

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Je respire, c’est un métier en soi. Comment peux-tu dire, avec un tel désespoir, que tu n’as pas de profession ? Tu es là, non ? Tu es là. Prendre conscience de ta vie, te sentir ici, t’éprouver dans l’espace, te saisir, te tenir, c’est un métier.

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Photographies : Papier Plié

Pétrie d'idéalisme, sa prose étonnamment moderne est un cri contre la misère, un plaidoyer pour les affligés et les perdants qui n'a rien perdu de sa vigueur. Après des décennies d'oubli, on le redécouvre aujourd'hui. Il était temps.

Que cela soit dans le confinement et la promiscuité de Prison, livre considéré par Herman Hesse comme un chef-d'œuvre total, ou dans La flétrissure, Emmy Hennings ne s'avoue riche que de deux choses, son corps et sa colère, l'un faisant vibrer l'autre, la traversant de part en part comme un étendard livré au vent.

Fabrice Colin,
Le canard enchainé

François Angelier,
France culture

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On en parle

Envoutant et lumineux, ce livre est cri !

Librairie Compagnie, Paris.

Emmy Hennings

Emmy Hennings (1885 - 1948), figure majeure du mouvement dada, était une danseuse, artiste, poétesse et écrivaine allemande. 

Elle est née en 1885 à Flensbourg, une petite ville du nord de l’Allemagne, proche de la frontière danoise. Issue d’une famille profondément religieuse, elle quitte cependant la maison familiale à 18 ans pour suivre une compagnie de théâtre itinérante qui la mènera partout à travers l’Allemagne. C’est le début d’une vie de bohème, menée aux marges de la bonne société, mais où sa soif de liberté et d’indépendance se paie au prix fort : la misère, l’instabilité psychologique, la toxicomanie, la prostitution.

Elle vit ensuite plusieurs années entre Berlin et Münich, et se produit dans des cabarets où elle invente un art propre, mêlant déclamation de poèmes, danse et chant, ce qui en fait l’une des pionnières de la performance. Sa beauté, sa singularité et ses multiples talents fascinent les artistes et les intellectuels de l’époque (dont son futur mari Hugo Ball), comme en témoignent les nombreuses œuvres, tableaux, photographies, poèmes, qui lui sont consacrés.

En 1914, accusée de vol par un client, elle passe plusieurs mois dans une prison de Munich. C’est cette expérience qui inspire le récit Prison. Peu de temps après sa libération, elle rejoint Hugo Ball à Zürich, où ils fondent, avec Tristan Tzara, Jean Arp, et d’autres, le Cabaret Voltaire, berceau du mouvement Dada.

Lassés de cette existence chaotique, Emmy Hennings et Hugo Ball se retirent dans le Tessin où ils mènent une vie d’ascètes, tout entière consacré à la méditation et à l’écriture. Emmy Hennings meurt en 1948, dans la misère, et oubliée de tous sauf de Hermann Hesse, grand admirateur, et passeur, de son œuvre.

Prison et La flétrissure sont les premiers textes d’Emmy Hennings traduits en français.